Eric Arsenault Architecture

Extrait Province Vivante

Province vivante 2006

Extrait (texte de présentation)

Je conçois mon métier d’architecte dans le processus qui conduit des idées à la réalisation. Exprimer une idée, la partager, l’aboutir, sans oublier l’enthousiasme. Peut-on avancer sans enthousiasme ?

Je commence par marcher sur le lieu du projet, j’y reviens et j’y passe du temps pour l’apprivoiser, pour le percevoir dans son potentiel, pour le vérifier. Une chasse au trésor.

Au sortir de l’Ecole d’Architecture il a été important pour moi de me lancer rapidement vers ce processus de la conception. Je souhaitais m’y confronter tout autant que j’en avais peur. J’appréhende toujours ce moment mais je pense que je l’ai discipliné, et puis, au travers du nombre des réalisations sans doute qu’un peu de confiance s’est mise en moi .

Aujourd’hui j’avance en réalisant. Quelquefois je dis aussi que nous sommes un peu comme des sages-femmes, à écouter le client pour sortir le meilleur projet d’un lieu à mi chemin entre lui et moi, dans ce que chacun peut donner et accepter. Car le partage dans cette discipline intervient très tôt. En fait le projet se fait de façon intime avec l’utilisateur, et se partage tout au long de son élaboration, avec le client, mais aussi avec les entrepreneurs, le budget, les lois et les administrations… Je me demande parfois si la réussite d’un projet ne tient pas à une bonne capacité de dialogue ?

Je livre à ma dessinatrice des ébauches imprécises que je retouche au fur et à mesure qu’elle les met en forme sur l’ordinateur. Un peu comme on pourrait le faire en sculptant. Peu importe ce qu’on construit, ce qui importe c’est comment on le fait : on peut tout réaliser dans toutes les formes, la question est pour moi de savoir comment on le fait.

Il y a aussi le partage des idées autour de moi, mes proches, les ingénieurs… : en discutant, il arrive qu’une idée imprévue surgisse de nulle part, comme si elle avait été là, suspendue en attendant d’être cueillie.

Pour la suite il me faut également digérer le projet, c’est-à-dire le parcourir à partir des plans en m’imaginant à l’intérieur du projet pour le vérifier avant de le faire construire. D’où certains moments où je peux rester longtemps immobile devant des plans !

En fin arrivent les joies de la réalisation, un dialogue silencieux et direct avec le bâtiment, au-delà des mots. Aujourd’hui, à 44 ans je souhaite pouvoir continuer à avancer en me surprenant. Et j’en profite pour remercier les acteurs ô combien vivants de ce livre : ils m’ont surpris !