Historique
A la sortie de l’Ecole d’architecture de Marseille : ma venue par hasard à Nevers, notre rencontre avec Maryline (mon épouse) puis l’achat d’une maison des années 1930 donnant sur la friche ferroviaire sans vis-à -vis, avec vue sur la ville .
Un coup de cœur pour la maison : au Rez de Chaussée de quoi installer une (petite) agence, une cour pour les enfants et à l’étage, indépendant, la possibilité d’aménager l‘habitation.
Douze ans après, les espaces sont devenus trop justes, une restructuration globale est alors envisagée pour attribuer l’ensemble de la maison à la famille et pour créer une agence à part entière, contiguë à la maison.
Compte tenu de la nécessité de vivre sur place durant les travaux, une opération tiroirs est mise en place :
1 : la construction de l’agence durant un an à côté de la maison,
2 : le déménagement du bas de la maison dans le haut de l’agence, permettant la réalisation des travaux de la maison pendant une nouvelle année,
3 : le redéploiement dans la maison terminée.
La construction
L’agence se développe sur quatre niveaux dans un bâtiment neuf qui vient combler une dent creuse dans le front bâti de la rue
Elle s’ouvre de plain pied sur la rue (contrairement à la maison à 1m de hauteur du trottoir) et se développe avec un décalage d’un demi niveau par rapport à l’habitation ce qui permet de gagner un niveau supplémentaire habitable tout en restant dans le gabarit urbain actuel.
Chaque niveau de l’agence développe un micro-projet en rapport avec la vie du bâtiment et l’environnement extérieur.
Au rez de chaussée, côté rue je souhaitais de la lumière sans forcément constituer une complète vitrine commerciale transparente de type boucherie ou salon de coiffure : le pavé de verre donne à l’accueil ce rôle de boîte lumineuse en préservant une intimité visuelle.
Côté cour, à -1.50m du sol naturel, afin que la salle de réunion ne se transforme complètement en sous-sol enterré, un bassin avec paroi vitrée assure la transition entre le jardin et l’agence, donnant à voir des poissons de Loire tout en filtrant la lumière extérieure. A l’extérieur une tonnelle démontable permet en été de mettre à l’ombre ce bassin-aquarium (façade Sud-Ouest).
Un léger retrait de façade au RdC dans l’alignement biais de la maison, permet d’abriter l’accès et d’affirmer les niveaux supérieurs en porte à faux . La porte d’entrée perforée de trous vitrés laisse passer le regard à la hauteur désirée.
Les niveaux supérieurs se développent en prenant peu à peu la vue sur la ville et sur le ciel.
Au premier étage, l’atelier dessin s’ouvre sur un plateau occupant le niveau entier. Côté façade, trois percements verticaux constituent la seule référence aux immeubles voisins et inscrivent le bâtiment dans un contexte donné avec une échelle de référence.
Au second étage, la vue sur la ville prend toute sa dimension avec une baie vitrée toute largeur / toute hauteur. Un store vénitien escamotable dans la poutre permet de régler la vue, l’intimité et la lumière…
Au dernier niveau, une petite pièce mansardée (presque trop basse - réminiscence de chambre d’étudiant) en retrait de la rue, avec couverture en zinc donne sur une terrasse panoramique sans aucun vis à vis qui permet de dormir à la belle étoile en été en plein Nevers (avec ou sans canicule), ou de prendre un café au soleil du matin lorsque la ville s’éveille.
Un passage relie le haut de l’agence à la maison.
Matériaux
Du béton et du verre.
Question béton, on notera les efforts de l’ingénieur (Pingat I2C) et du maçon (Ent. Lavilla), pour réaliser le bassin semi enterré, les trémies d’escalier sans poteaux, l’insert du store dans la poutre allège en béton du R+3, la tablette haute de la terrasse sur la rue qui vient terminer le développement du bâtiment tout comme la banquette basse du bassin de jardin à l‘autre extrémité.
Les sols sont en béton teinté avec durcisseur et surfacés à l’hélicoptère (réels sols industriels au prix d’un sol pvc). Ils intègrent des circuits de plancher chauffant.
Les menuiseries sont en alu côté rue et en bois côté jardin (avec volets à persiennes en Sud-Ouest).
La terrasse est réalisée avec un complexe d’étanchéité multicouche et dalles sur plots et la couverture de la mansarde en zinc.
Le complexe verre + étanchéité du bassin-aquarium a été réalisé par une entreprise de La Rochelle (Proviviers).
Ecologie du projet
Je n’ai pas de volonté écologique autoritaire dans mes projets. Je dirais que ceux-ci découlent d’un bon sens et d’une conception adaptée.
Ce projet n’échappe pas à la règle. Par exemple lors de la canicule de 2003 toute la famille a pu dormir sur la terrasse au sommet de l’agence et nous réitérons fréquemment cet usage tous les étés. Autre exemple, la masse thermique de l’eau augmentée d’une pergola amovible régule la température de la salle de réunion en façade Sud-Ouest : n’a-t-on pas là des réflexes écologiques ?
En reprenant l’historique des travaux je note également que j’ai demandé au maçon d’assurer une continuité des armatures métalliques et de mettre à la terre ce ferraillage afin d‘éviter un effet de champ magnétique. J’ai souhaité avoir mes plafonds en plâtre traditionnel pour gagner en hauteur et éviter le systématique des plaques sur ossature métallique. J’ai utilisé des peintures écologiques, plus longues à sécher mais sans odeurs et sans émanations nocives. Le sol souple est un linoléum dans les combles.
Ultime réflexe écologique, l’utilisation du garde-corps de la terrasse de l’agence à des fins de survie et je vous livre ici un extrait du volet paysager du permis de construire
« …Enfin, en cas de graves crises qui toucheraient la profession, le garde-corps maçonné de la terrasse devrait pouvoir servir à implanter d’énormes lettres lumineuses et clignotantes ARCHITECTE visibles des trains nocturnes...  »
Voir projet Maison de ville